Le combat de la Chapelle de Ronchamp

 

29, 30 septembre, 1er octobre 1944

 

 

 

Le 29 septembre 1944, la Compagnie en batterie aux lisières Nord du village de la Côte d’où elle venait d’appuyer la progression de la 3e Cie en direction de la Graterie et de Recologne, recevait l’ordre de se porter sans délai aux pieds des pentes ouest de la Cote 476. Sa mission était d’appuyer par ses feux l’action de la 2e Cie qui venait d’occuper par surprise la Chapelle de Ronchamp, au sommet de la cote 476.

Ce piton boisé aménagé en point d’appui par l’ennemi constituait pour celui-ci un observatoire remarquable. Dominant de plus de 150 mètres la région de Malbouhans, il permettait à ce dernier de surveiller toute la région et d’appliquer avec précision les tirs de son artillerie.

Le Capitaine donne l’ordre à la section de mortiers du S/Lieutenant Fournier de se porter en bordure du Rhien en surveillance sur les bois situés au Nord de la cote 476.L’exécution de ce mouvement se fait au milieu de très grosses difficultés, terrain détrempé, farci de mines, où les voitures semi-chenillées s’embourbent sous un violent tir ennemi qui commence à réagir vigoureusement et semble vouloir reprendre la cote 476.

Quelques temps après, la section de mitrailleuses du Lieutenant Desvaux reçoit à son tour l’ordre de se porter au sud du village de Mourrière afin d’interdire à l’ennemi les lisières des bois, au nord, venant à la Chapelle de Ronchamp.

La section d’obusiers de 75 mm du Sous-Lieutenant Blaque, se met en batterie face aux pentes sud de la Chapelle. Ce dispositif est réalisé pour 10h du matin.

A ce moment, l’ennemi prononce une contre-attaque contre la Chapelle. La 2e Cie, appuyée par un tir massif des mortiers du Sous-Lieutenant Fournier, repousse les éléments ennemis qui s’étaient infiltrés jusqu’à la Chapelle et nettoie les bois situés aux abords immédiats.

Pendant ce temps, la section de mitrailleuses du Lieutenant Desvaux, poussant hardiment de l’avant, va occuper « à la barbe » de l’ennemi une position de tir située en lisière du village de Mourrière qui lui permettra de déceler tous ses mouvements et de lui infliger de lourdes pertes.

L’adversaire attache du prix à la possession de la Chapelle qui nous permet d’avoir un bel observatoire sur Belfort, but insaisissable vers lequel tend toute notre action depuis 15 jours.

13 heures : nouvelle contre-attaque, même insuccès de l’ennemi.

Le calme semble régner pendant quelque temps. Les différents éléments de la Cie en profitent pour améliorer leur position. Il faut tenir coûte que coûte et garder la Chapelle.

Une menace plane dans l’air, on sent que l’ennemi prépare quelque chose pour la tombée du jour. Son artillerie se montre plus active, elle cherche les positions de batteries de la section de mitrailleuses et de la section de mortiers, qui lui ont infligé le matin de lourdes pertes. Des tirs de fusants sont exécutés sur la Chapelle et le long du Rhien.

Brusquement, à 17 heures, la bagarre recommence. L’ennemi reprend ses contre-attaques, appuyé par un tir massif de fusants et de minen sur la Chapelle et les positions de batterie de la section de mortiers et de la section de mitrailleuses. Cette dernière fait feu de tous ses tubes (neuf pièces), tire sans interruption et finit par arrêter toutes les infiltrations en direction de la Chapelle.

La section du S/Lieutenant Fournier continue ses tirs malgré un bombardement intense. Le sergent-chef Laherrère, chef de pièce de mortier, est blessé, le zouave Bellal, chargeur, est tué pendant l’accomplissement de sa mission.

19 heures : l’ennemi renonce à son action et se retire dans les bois de la Chapelle, abandonnant ses morts et ses blessés que l’on entendra gémir toute la nuit.

L’alerte fut chaude et la 2e Cie compte de nombreux tués et blessés, mais la Chapelle de Ronchamp reste en notre possession.

A la nuit tombante, le Capitaine décide d’envoyer en renfort à la 2e Cie, amoindrie par ses nombreuses pertes, le groupe de mitrailleuses du Sergent Chef Deschamps. Ce dernier exécute son mouvement et arrive à la nuit tombante au sommet de la cote 476.

La consommation en munition a été considérable : plus de 20.000 cartouches de mitrailleuse, 1.000 obus de mortier, 400 obus de 75 ont été tirés. La nuit, le calme relatif du secteur est mis à profit pour compléter l’approvisionnement en munitions.

Le 30 septembre, aux premières lueurs de l’aube, le chef de groupe de mitrailleuses, le sergent Boucher, reste à Mourrière avec son chef de section, signale de nombreux mouvements ennemis dans les bois situés au nord de la cote 476. Au même moment, par interrogatoire de civils et de quatre prisonniers, on apprend qu’un détachement fort de 300 hommes environ, accompagné de 3 canons automoteurs est concentré dans les bois.

L’alerte est donnée et, peu de temps après, un tir d’artillerie ennemie très dense s’abat sur tout le secteur.

Le barrage général se déclenche, les mitrailleuses deviennent rouges, les mortiers sont brûlants.

9 heures : l’ennemi décroche et se replie sur ses positions de départ. Cependant l’alerte fut très sérieuse. A deux reprises, il était arrivé à encercler complètement la Chapelle. La section de mortiers du S/Lieutenant Fournier se trouva brusquement devant un ennemi à 150 mètres.

La Chapelle est encore à nous mais que de pertes... Le sergent chef Deschamps, blessé sérieusement, refuse cependant de se laisser évacuer. Le caporal chef Coulombeix, chef de pièce de mitrailleuse, est très gravement blessé. Deux Zouaves de sa pièce, Debadi et Kazouai, sont très gravement blessés en voulant lui porter secours.

Les quelques heures de calme sont utilisées à toujours améliorer la position, à évacuer nos nombreux blessés, et à compléter notre approvisionnement en munitions. L’Allemand a été très éprouvé lui aussi. De nombreux cadavres sont visibles à la jumelle sur le terrain.

Brusquement, vers 12h30, l’ennemi reprend son attaque, se camouflant au maximum dans les bois. Son artillerie est plus nombreuse. Les éclatements de gros calibres sont visibles sur La Chapelle dont le clocher est démoli à 13 heures. La situation est très critique. La Chapelle est de nouveau encerclée. Le Capitaine commandant la 2e Cie rend compte à la radio de la situation. Tiendra-t’on ?

Mitrailleurs, servants de mortiers, servants d’obusiers, rivalisent d’ardeur. Il faut coûte que coûte que le camarade voltigeur soit appuyé. Il faut que La Chapelle de Ronchamp reste et restera à nous.

La nuit arrive, troublée seulement par des tirs d’artillerie sur la position, mais l’ennemi a définitivement renoncé à ses contre attaques.

Durant toute cette action, plus de 3.000 obus de mortier, 1.800 d’obusier de 75 et 40.000 cartouches de mitrailleuse ont été tirés. La Compagnie a bien remplie sa mission.

 

Après les bombardements, les habitants de Ronchamp attachés à leur chapelle dédiée à la Vierge, songent à la faire reconstruire. Ce sera fait à partir de 1954 par Le Corbusier La nouvelle Chapelle de Ronchamp sera inaugurée le 25 juin 1955.

 

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