Le Fort Carré

 

Situé sur la presqu’île Saint-Roch, le Fort est bâti sur un rocher culminant à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer. Son chemin de ronde s’élève à 43 mètres au-dessus de la mer et permet une surveillance à 360 degrés.

Dès l’Antiquité, le site est un lieu de culte avec un temple romain dédié à Mercure. Remplacé au début de l’ère chrétienne par l’une des premières églises de la ville, l’église Saint-Michel, abandonnée aux alentours du XIe siècle, on érige sur ses ruines une chapelle plus modeste dédiée à saint Laurent.

 

Quelques dates déterminantes expliquent les raisons qui transformèrent ce lieu de culte en bâtiment militaire.

Dans le contexte des guerres d’Italie, Antibes est mise à sac par les troupes de Charles Quint en 1524 et 1536. La ville se dote alors d’un système de défense efficace. En 1550, Henri II ordonne la construction d’une tour circulaire sur la chapelle Saint-Laurent. Elle est achevée en 1553. Sa conception et sa réalisation sont dues à plusieurs membres de la famille Renaud de Saint-Rémy, ingénieurs des fortifications en Provence pour le roi de France. L’ouvrage est complété en 1565 par 4 bastions nommés : Antibes, Corse, Nice et France. Le Fort est opérationnel en 1588 sous Henri III.

Vers 1680, Louis XIV fait appel à Vauban pour le développement des fortifications de la ville et du Fort Carré. Ce dernier adapte la construction aux besoins militaires : agrandissement des bouches à feu et placement des canons (18 pièces) ; remplacement de la pierre qui explosait sous l’impact des balles et blessait grièvement les soldats, par de la meulière et de la brique qui s’effritent et se réduisent en poudre ; changement de l’inclinaison des murs des bastions contre le ricochet des boulets de canons.

Après le 9 Thermidor, le Général BONAPARTE, dont la famille résidait au Château Salé à Antibes, fut arrêté et mis au secret au Fort Carré, secret levé peu après son emprisonnent qui ne dura que quelques jours.

En 1860, le Comté de Nice est rattaché à la France. Du fait du recul de la frontière et des progrès de l’artillerie, la ville d’Antibes ne possède plus de position stratégique particulière. Le Fort Carré demeure pourtant une place forte jusqu’en 1895.
En 1906 et 1913, la chapelle d’abord puis l’ensemble du Fort Carré sont classés monument historique placé en zone de protection par le décret Lebrun en 1937.

A partir de 1920, le site devient un lieu important du sport militaire, accueillant successivement plusieurs écoles dont l’E.E.P.M. (Ecole d’entraînement physique militaire).

Malgré sa nouvelle destination, le Fort, qui avait déjà servi de prison pendant la « drôle de guerre » à 800 Allemands et Autrichiens, reçut 250 fascistes Italiens en juin 1940, et enfin, à la Libération, 500 personnes suspectées de collaboration avec l’ennemi, dont 10 furent fusillés dans les fossées du Fort, le 23 septembre 1944, sans jugement, dans des conditions déplorables et vivement contestées.


En 1967, l’E.E.P.M. laisse place au C.R.E.P.S. (Centre régional d’éducation populaire et sportive) qui développe les structures sportives autour du Fort, complétant ainsi le site du grand stade.
En 1997, la municipalité d’Antibes Juan-les-Pins rachète le Fort Carré au ministère de la Jeunesse et des Sports. 

 

Extrait du « Dictionnaire d’Antibes Juan-les-Pins » du regretté Pierre TOSAN – Hepta Editions 1998.

Le Stade du Fort Carré

 

Ce stade, construit par les architectes Coepllo et Aragon, a été inauguré en 1920. On y a installé dans les années 1930, une partie des tribunes du Parc des Princes de Paris. La Municipalité Leonetti a ordonné leur démolition après leur fermeture en 1994, pour cause de sécurité.

Le stade a été le lieu de matches mémorables et de grandes manifestations qui ont marqué l’histoire d’Antibes (les Antibiades), puis ses installations furent utilisées par le Centre Régional d’Instruction Physique et, en 1945, par l’Ecole Militaire d’Escrime et de Sports de Combat. En 1967, les militaires rejoignirent Fontainebleau et l’on installa au Fort Carré le Centre Régional Sport et Jeunesse ayant pour vocation la voile, la mer et la plongée sous-marine.

Le stade est surmonté par le « Poilu du Fort Carré », Monument aux Morts de la Première Guerre Mondiale, œuvre du sculpteur Henri BOUCHARD.

Ce monument qui a plus de vingt-deux mètres de haut est le plus haut monument aux morts de France. Le poilu y porte son arme du côté gauche, erreur qui fit naître la légende qui aurait provoqué le suicide de l’artiste ayant réalisé le monument. Mais Henri BOUCHARD, très connu pour d’autres œuvres, est mort à Paris le 30 novembre 1960, âgé de 85 ans.